J.14, 15, 16 : Tha Khaek

Publié le par Anne au Laos 2008

illlustration anaka 2M8©, aquarelle sur papier Lao.

A l'image de ce visage dessiné un matin, cette halte au Laos est pour moi la plus rude, et aussi la plus majestueuse pour ses paysages inoubliables.

Tôt le matin, un tuk tuk nous a emmené à la South Bus Station de Ventiane, où nous avons attrapé le car de 9 heures pour Tha Khaek. 8 heures de route nous attendent. Le voyage est éprouvant. Les places au fond trop étroites pour nos grands corps d'occidentaux, une ambiance difficile, tendue, Quelques hommes peu agréables, dont certains en tenue de para, nous toisent sans rien dire, mais leur l'inamicalité est palpable. Nous faisons le dos rond, tandis que le chauffeur s'arrête à peu près toutes les quatre minutes pour laisser monter les hordes de vendeuses de grillades, fruits, légumes et autres denrées dont personne ne parait vouloir, y compris livrets de mots croisés en lao...


On arrive moulus après 16h30, dans un centre ville pas vraiment joyeux au premier coup d'oeil. Heureusement le coucher de soleil sur le Mékong qui nous accueille donne le change. La nuit s'annonce déjà, juste le temps de trouver un hôtel sur la rive. Dans les voyages, le plus important en arrivant quelque part, c'est de trouver un endroit où nous poser, ou déposer nos affaires.


Ce n'est pas le meilleur choix, le grand Hotel mékong aux façades bleu ciel paraît réservé aux voyageurs asiatiques et nous ne nous sentons pas vraiment les bienvenus. Tant pis, pour cette nuit on fera avec. la chambre est grande, très... entièrement carrelée, un peu glaciale, l'immeuble à la mode asiatique.
Une bonne douche, un peu de lessive, un coup d'oeil sur le fleuve depuis la porte de la chambre, la fenêtre donnant plutôt sur les poubelles..., un riz au restaurant de l'hotel et Jacky se met au lit sans attendre, épuisé, le ventre douloureux. Avant 20 heures il dort du sommeil du bienheureux, tandis que je finis les trois cent pages du Roman Russe que je viens seulement de commencer, en reniflant abondamment. Non ce n'est pas l'histoire, j'ai seulement attrapé un rhume carabiné, à force de nous promener en plein hiver en tee shirt et tongues dans ce pays d'Asie, ou oui, il fait froid en novembre...


Je tourne en rond. La musique assourdissante qui provient des deux discothèques karaoké du coin qui se font concurrence ne m'aide pas à trouver l'apaisement. J'enfonce mes boules quiès, (ah surtout ne jamais voyager sans ses boules quiès ! ), je finis par m'endormir.

Ma tête au réveil...

Le lendemain matin, réveil glauque et moral dans les chaussettes... Jacky me déniche une délicieuse baguette fraiche et un café, qui font remonter les commissures de mes lèvres...
Nous marchons près de deux kilomètres pour enfin trouver l'autre guest, le Tha Khaek Lodge, indiquée dans notre guide et qui, parait-il loue des motos. L'endroit est difficile à trouver ! Mais il nous plait, le patio est très joli, les chambres avec parquet très propres et spacieuses, et la moto disponible. Nous voici prêt pour le petit tour dont nous rêvons aux alentours...

Le jardin du Tha Khaek Lodge, et dans le fond sur le balcon notre chambre.

Un petit café dans le jardin très agréable, le temps de parcourir les immenses livres d'or remplis de messages et récits de ceux qui ont fait 'the loop". En effet, la ville est réputé pour être le camp de base de tous ceux qui veulent faire la boucle. Il s'agit d'un périple d'environ 150 kms que font en vélo les plus courageux, en moto les plus audacieux... Nous prenons quelques notes, sans fouiller dans les détails, puis nous partons, confiants...

Anne et le Jack, aventuriers de la boucle en pleine vitesse...

La moto s'avère vite en piteux état. Les vitesses passent difficilement et le confort est très relatif. Qu'importe, c'est l'aventure ! Nous nous engageons dans la route 13 en direction de l'est comme indiqué.


Petite bifurcation à droite après quelques kilomètres, route de terre et ravissant village avec des minuscules mazots. Mais nous trouverons jamais l'entrée de la première grotte, la Sikhottabong. Tant pis, on continue.

Route de la Tham Pha Cave, paysages karstiques...

Un peu plus loin sur la gauche, une mauvaise piste de 8,5 kms nous conduit à la Tham Pha Pa cave, découverte par hasard il y a seulement quatre ans. A l'entrée je dois "louer" un longhi, une jupe longue, pour pénétrer dans le lieu sacré.
 
Escalier d'entrée de la grotte du Bouddha, dans la falaise.

Nous gravissons l'escalier extérieur, nous glissons dans la fente de pierre, et nous retrouvons à trente mètres de hauteur dans la paroi, dans une immense cavité emplie de statuettes de bouddhas de toutes tailles. Quatre lao sont allongés ça et là, gardiens du temple intérieur, une femme m'attache un bracelet jaune au poignet en murmurant quelques prières, puis en fait autant à Jacky.

L'intérieur de la grotte, que la femme nous autorise à prendre malgré l'interdiction...

Retour de piste, le cul en compote !!! Le paysage est sublime, on en oublie nos douleurs et inconforts.
 
Jeune pêcheuse dans un bout d'étang, le long du chemin.

A peine avons-nous rejoint la grand route que nous constatons que le pneu arrière est à plat. On a l'air malin au milieu de rien avec notre mob... Bien vite, deux laos qui viennent à contre sens s'arrêtent pour s'enquérir de notre problème. Ils sont adorables, parlent à peine anglais, mais on arrive à communiquer assez pour qu'ils joignent notre loueur et fassent envoyer un mécano. On passe une heure avec Kong et Lu, à baragouiner comme on peut. Le gars de la guest qui vient nous dépanner nous laisse sa moto en bien meilleur état. On décide donc de continuer un peu notre ballade, le paysage est tellement renversant, ce serait dommage de renoncer.


Pourtant pour la première fois je me sens vraiment pas enchantée, l'ambiance ici est rude, on se sent dévisagé sans grâce, est-ce qu'on dérange ? La petite ville glauque et bruyante, sillonnée de camions hurlant, ici la circulation est intense, c'est un carrefour d'échanges commerciaux incessants entre laotiens, vietnamiens et thailandais.
Bon. Probablement sommes-nous seulement fatigués, et dans cet état-là, tout devient plus difficile...

Vue depuis l'entrée de la Tham Xieng Liap Cave

On arrive sans encombre à notre troisème étape, une dizaine de kms plus loin. L'entrée de la Tham Xieng Liap cave n'est indiquée nulle part, mais des enfants laos qui nous font signe sur la route, nous y conduisent. Ils sont certainement habitués à attraper les falangs qui prennent le même et unique chemin... On marche quelques centaines de mètres à travers champs jusqu'à l'entrée d'une grotte immense, au pied d'une falaise karstique abrupte de 300 mètres de hauteur. Parait-il qu'elle est profonde de 200 mètres et que des tortues d'eau douce pataugent dns le fond. On n'ira pas vérifier jusque là...

Nos malins petits guides pour l'occasion...

On reprend la route, après avoir laissé quelques milliers de kips aux garçons. Un kilomètre plus loin, sur la gauche, un chemin longe la rivière Tha Falang. Le lieu est magnifique, sauvage, la route unique de terre rouge nous conduit jusqu'à un village, dont on ne peut même pas imaginer qu'il pourrait exister au bout de nulle part, et pourtant...


Retour à la ville alors que le soleil commence à disparaître. Dans la lumière empoussiérée, la vision est unique. On rend la moto le soir, on partira demain. Ce n'est pas que l'envie de faire un tour soit absente, mais cette seule après midi a été plus rude que toutes les journées précédentes, et on ne se sent pas assez d'aplomb pour envisageer la boucle en entier.

D'autant qu'en lisant les péripéties de tous ceux qui s'y sont risqués, racontée dans les livres de la guest, on réalise que l'on eu qu'un tout petit échantillon des innombrables galères inévitables qui nous attendaient...
On se contente donc de lire les extraordinaires témoignages de tous ceux qui sont passés là depuis cinq ans. La boucle se fait en trois quatre ou cinq jours, passe par les montagnes. Jacky a bien envie de remonter à 150 kms au nord pour découvrir les paysages de Lak Sao dont tous les récits parlent avec emphase.  On reviendra, promis, plus aguerris...

Le lendemain matin, pause dessins, cartes postales, et départ pur la south bus station, qui nous emporte un peu plus encore au Sud...





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T
tu vois il y a des choses qui valent la peine d'etre vecuebesostilk
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M
Merci... j'aime lire ceci
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